De nos jours, on constate que les adventistes sont plus nombreux à observer le sabbat que tout autre groupe sur terre, Juifs y compris. Par conséquent, lorsque des gens veulent se pencher sérieusement sur la question du sabbat, il importe de leur présenter un enseignement biblique clair.
À cet égard, les adventistes ont, depuis toujours, un passage biblique qu’ils considèrent particulièrement important. Il s’agit de Colossiens 2.16, 17 (SER) : « Ainsi donc, que personne ne vous juge à propos de ce que vous mangez et buvez, ou pour une question de fête, de nouvelle lune, ou de sabbats : tout cela n’est que l’ombre des choses à venir, mais la réalité est celle du Christ. »
Certains croient que ce passage s’oppose à la perpétuité du sabbat du septième jour. Ils l’associent aux fêtes juives et aux nouvelles lunes qu’ils qualifient d’« ombres ».
Est-il question du sabbat du septième jour ici ? Et si oui, Paul le relègue-t-il au statut d’« ombre » ?
Dans le livre The Seventh-day Adventist Bible Commentary, on lit l’observation suivante : « L’expression “tout cela n’est que l’ombre des choses à venir” (Col 2.17, SER) montre de quel type de sabbat l’apôtre parle ici. Le sabbat hebdomadaire est le mémorial d’un événement qui s’est produit au commencement de l’histoire de la terre. […] Par conséquent, les “sabbats” que Paul qualifie d’ombres indiquant le Christ ne peuvent se référer au sabbat hebdomadaire désigné par le quatrième commandement ; ils désignent plutôt les jours de repos cérémoniels qui trouvèrent leur plein accomplissement en Christ et en son royaume » (vol. 7 p. 205, 206). Cette explication comporte, toutefois, une difficulté : l’argument est circulaire. Il exclut le sabbat en se basant sur notre compréhension personnelle du sabbat. Cela est loin d’être suffisant. Si le Nouveau Testament déclare que le sabbat est une ombre, alors, nous devons nous pencher sur cette déclaration.
Dans son livre Judging the Sabbath, Ron du Preez, un théologien adventiste, propose une argumentation beaucoup plus solide. Ainsi, il affirme que dans ce passage, ces « sabbats » sont, en fait, des jours cérémoniels. Citant la structure en chiasme utilisée par les auteurs hébraïques, il indique Osée 2.13 qui, dit-il, répartit les fêtes annuelles juives en deux catégories : les « fêtes » et les « sabbats ».
Si, aux fins de notre discussion, le sabbat hebdomadaire est ce dont on parle ici, est-ce à dire qu’il a trouvé son accomplissement de concert avec les fêtes et les nouvelles lunes ? Pas nécessairement. Chaque fois que nous trouvons la séquence des fêtes, des nouvelles lunes, et des sabbats dans l’Ancien Testament, c’est presque toujours au sein d’un contexte particulier : les sacrifices. Par exemple, Ézéchiel dit : « Le prince sera chargé des holocaustes, des offrandes et des libations, aux fêtes, aux nouvelles lunes, aux sabbats, à toutes les solennités de la maison d’Israël » (Ez 45.17). Ce passage et d’autres semblables utilisent les mêmes termes-clés que Colossiens 2 : la viande, la boisson, les fêtes, les nouvelles lunes, et les sabbats, dans le contexte des sacrifices.
Que voulait donc dire Paul par « ombre » dans Colossiens 2.17 ? La plupart des érudits soutiennent qu’il s’agit des fêtes, des nouvelles lunes, et des sabbats. Mais une nouvelle lune ne peut être une « ombre », parce qu’elle n’a aucune signification religieuse en elle-même. La nouvelle lune n’a qu’une seule signification : son association avec les sacrifices. L’ombre devait plutôt se rapporter à ce que tous ces jours particuliers avaient en commun : les sacrifices qu’on offrait à ces moments-là.
L’idée selon laquelle « l’ombre » se réfère aux sacrifices s’appuie-t-elle sur un fondement solide ? Oui. Dans le Nouveau Testament, les deux autres références aux ombres se trouvent dans l’épître aux Hébreux. « Or, s’il était sur la terre, il ne serait pas même sacrificateur, étant donné qu’il y en a d’autres qui présentent des offrandes selon la loi. Ceux-ci célèbrent un culte qui est une image et une ombre des réalités célestes » (He 8.4,5, SER). « En effet, la loi, qui possède une ombre des biens à venir, et non l’exacte représentation des choses, ne peut jamais, par les mêmes sacrifices qu’on offre perpétuellement chaque année, amener les assistants à la perfection. Autrement, n’aurait-on pas cessé de les offrir, parce que ceux qui rendent ce culte, étant une fois purifiés, n’auraient plus eu aucune conscience de leurs péchés ? Mais le souvenir des péchés est renouvelé chaque année par ces sacrifices ; car il est impossible que le sang des taureaux et des boucs ôte les péchés. C’est pourquoi Christ, entrant dans le monde, dit : Tu n’as voulu ni sacrifice ni offrande, mais tu m’as formé un corps » (He 10.1-5).
À une époque où on offrait encore des sacrifices à Jérusalem (même certains des premiers chrétiens), Paul enseigna que l’ère des sacrifices était révolue. Ces sacrifices, en effet, étaient l’ombre de quelque chose de meilleur à venir : le corps du Christ, pour lequel le sabbat hebdomadaire demeure un symbole durable de notre salut – le repos en lui.
This article originally appeared on Adventist Review magazine, August, 2010.