Discussion religieuse : Est-ce que l'Histoire pourrait encourager la prochaine génération d'évangélistes ?

Discussion religieuse : Est-ce que l'Histoire pourrait encourager la prochaine génération d'évangélistes ?

Jim Nix, l'héritage de la prophétesse et la mission prophétique de l'église

Certaines personnes collectionnent des timbres. James Nix, lui, collectionne l’Adventisme comme il dit.


J. Nix, 61 ans, est directeur de l’Ellen G. White Estate (Institut Ellen G. White) depuis l’an 2000. Pour lui, il n’y a pas de séparation entre ses loisirs et son travail. Son plaisir est de collectionner les vieux journaux qui parlent du mouvement Millérite, mouvement précurseur de l’église adventiste du septième jour, ou d’organiser des voyages touristiques sur l’histoire de l’église dans le Nord-Est des Etats-Unis.


Toutefois, J. Nix se lamente du fait que sa génération n’ait pas transmis beaucoup de connaissances sur la femme qui a été grandement responsable de l’emphase mise par l’église sur l’éducation, la santé et les droits de l’homme.


E.G. White, décédée en 1915, est considérée par l’église adventiste comme un prophète moderne inspiré par Dieu au travers de visions. Cet auteur largement traduite a influencé le travail des pionniers de l’église et a cimenté certaines doctrines bibliques.


Ce mois-ci, l’église nord-américaine s’associera à la revue adventiste pour lancer une publication mensuelle sur l’héritage de l’église à destination de chaque élève de l’école primaire, du CE2 à la sixième. Les responsables de l’éducation et de l’E.G. White Estate, qui supervise une partie du contenu de cette publication, espèrent que cette initiative développera une prise de conscience sur l’histoire de l’église et la reconnaissance d’une dénomination mondiale.


J. Nix a récemment rencontré ANN dans son bureau à la Conférence Générale pour discuter du rôle et des objectifs des Centres de Recherche sur Ellen G. White et l’Adventisme, et des risques de perdre l’accent mis sur les doctrines bibliques. Voilà quelques extraits de cette interview :


ANN : Le fait d’archiver les éléments de l’histoire de l’église est-il reconnu comme une composante de la mission ?


J. Nix : C’est un peu un engagement d’affirmer que c’est une part importante de l’église. Aussi exaltante qu’est l’évangélisation, et je suis le premier à dire « Loué soit le Seigneur » pour toutes les personnes qui entrent dans l’église, pour inspirer la prochaine génération on doit également se souvenir comment Dieu a dirigé l’église.

ANN : Combien de centres de recherche dirige l’Ellen G. White Estate ?

J. Nix : En plus de notre bureau principal à la Conférence Générale, nous gérons trois autres bureaux : un bureau à l’université d’Andrews, un bureau à l’université de Loma Linda et un autre bureau à l’université d’Oakwood. Nous avons aussi des centres de recherche dépendants de l’Ellen G. White Estate dans chacune des 12 autres divisions de l’église adventiste.


ANN : Qu’est-ce qu’un centre de recherche ? Est-ce une archive pour toutes les ressources de l’église ou est-ce seulement un organisme au service de l’E.G. White Estate ?


J. Nix : Même le nom officiel (‘Centres de Recherche sur Ellen G. White et l’Adventisme’) montre que les centres sont censés être plus que des centres de ressources Ellen G. White. En fait, depuis le début, les centres de recherche ont pour mission de préserver l’histoire de l’église dans la région où ils sont situés. Lorsqu’ils ont été lancés, du temps où Robert Pierson était président de l’église, l’idée était : « Pourquoi tout le monde devrait-il venir ici, à la Conférence Générale, pour se documenter sur l’histoire de l’église ? Mettons les ressources à la disposition des membres là où ils se trouvent ».

ANN : Que contiennent les Centres de Recherche ?


J. Nix : Des copies de tous les livres d’Ellen G. White qui ont été publiés en anglais et dans les langues des territoires où les centres de recherche sont localisés, des photocopies de ses lettres non-publiées et des manuscrits? des copies sous microfilms et microfiches de nombreuses ressources des pionniers adventistes, livres, brochures et journaux qui, sans cela, ne seraient plus disponibles du fait de leur rareté.


ANN : Ces copies sont-elles encore nécessaires maintenant qu’on a internet ?


J. Nix : Et bien oui, comme tout n’est pas encore en ligne? Au moins pour le moment, le système actuel est toujours nécessaire. La même question peut être posée au sujet des bibliothèques et des archives en général. Je pense que de nombreuses années passeront avant que l’on considère sérieusement à abandonner les centres de recherche, du fait du volume important de ressources qu’il faut scanner avant de pouvoir les mettre sur Internet.


ANN : Quels sont vos projets pour l’avenir ?

J. Nix : Nous nous sommes lancés dans le projet de numériser chaque ouvrage d’Ellen White dans chaque langue et éventuellement de le rendre disponible sur internet. La plupart de ces ouvrages ne sont pas encore sous format électronique. Rien que ce projet est déjà une entreprise gigantesque.


ANN : Que pensez-vous de la version paraphrasée du livre d’Ellen G. White ‘Jésus-Christ’ publiée il y a quelques années, version intitulée ‘Messiah’ (en français, ‘Le Messie’) ?


J. Nix : Si vous lisez ma déclaration sur la couverture du livre « Jésus-Christ », vous verrez que j’en suis un grand supporter. Certaines personnes ne sont pas d’accord. Mais lorsque je vois des jeunes lutter pour lire et comprendre les écrits d’Ellen G. White, dont le style littéraire date du 19ème siècle, ou que j’entends que ceux dont l’anglais est une seconde langue ont le même problème, je suis pour tout ce qui pourra les aider à découvrir les lumières confiées par Dieu à Ellen G. White alors qu’elle travaillait sur l’original de ‘Jésus-Christ’. ‘Pensées du mont des bénédictions’ est une autre paraphrase en cours de préparation.


ANN : Pensez-vous que la connaissance qu’ont les membres d’église d’Ellen White a changé ?


J. Nix : Lorsque j’ai commencé à travailler pour l’E.G. White Estate dans les années 70, j’ai eu l’opportunité de m’exprimer lors d’un camp meeting et je me suis rendu compte que les membres savaient qui était Joseph Bates. Ils savaient qu’il était capitaine de bateau et un des fondateurs de l’église. Maintenant, lorsque je me rends à un camp meeting, je ne m’imagine plus rien concernant ce que les gens connaissent d’Ellen G. White. Lorsque je parle de James White, je le présente habituellement comme le mari d’Ellen G. White. Je pense, de façon générale, que nos membres sont assez ignorants de l’histoire et de l’héritage de l’église. C’est malheureux.


ANN : Certaines personnes ont dit que de nombreux écrits d’Ellen G. White étaient des plagiats. Comment l’Ellen G. White Estate a-t-il réagi à ces accusations ?


J. Nix : Il y a vingt-cinq ans, l’institut a reçu une collection de livres et a marqué toutes les citations parallèles que nous connaissions. La Conférence Générale a même embauché un avocat spécialisé sur les lois de la propriété pour étudier si Ellen G. White aurait enfreint des lois sur le copyright. Suite à cette analyse, il a conclu qu’elle était conforme à la loi de l’époque et que si ses livres étaient écrits de nos jours, ils seraient toujours légaux. A part pour deux trois livres, il est évalué qu’environ 1 % de son ?uvre a été emprunté ou vient d’une paraphrase d’un autre auteur. Si jamais il y avait plus que ce que nous connaissons aujourd’hui, nous réviserons nos chiffres. D’ailleurs, tout ceci est disponible sur notre site web.

ANN : Vous avez dit que de nombreuses personnes de votre génération étaient rebelles à toute autorité. Pour ceux qui sont restés dans l’église, certains pensent qu’Ellen White a parfois été utilisée d’une façon légaliste. Que leur répondez-vous ?


J. Nix : J’ai grandi dans les années 1950-60, alors je me souviens de ce à quoi vous faites allusion. A l’époque malheureusement, certains avaient tendance à utiliser Ellen White comme un club. Je n’ai pas été élevé dans une famille de ce type, Dieu merci. Alors je n’ai pas senti que Mme White était ‘déversée’ dans ma gorge. La façon dont les gens ont réagi est certainement le reflet de leur personnalité et de ce qui se passe dans leur propre famille, église et école. Il faut ajouter que depuis 1888, l’emphase mis sur la grâce et la justification par la foi dans notre église varie comme les mouvements d’une pendule. D’après ce que j’ai entendu, dans les années 1920 et 1930, les gens considéraient tout ce qu’Ellen White a écrit comme littéral. Plus récemment, l’emphase a davantage été mise sur la compréhension des principes présentés dans les écrits d’Ellen White. Cela reflète probablement l’orientation plus forte sur la grâce dans notre église.


ANN : L’église adventiste a été fondée à partir d’une mission prophétique. Y-a-t-il des risques qu’elle puisse devenir une dénomination protestante évangélique comme les autres, une dénomination qui se retrouverait le samedi au lieu du dimanche ?


J. Nix : J’ai entendu des personnes parler ainsi. Le fait est que si notre église continue à croître à la même vitesse que durant ces dernières années, ceux qui s’intéressent à ces problèmes nous disent que d’ici 2020, plus de 85 % de nos membres par-delà le monde appartiendront à l’église depuis moins de vingt ans. Si cela est vrai, alors en quelque sorte, notre église sera une « nouvelle » église d’ici 2020. C’est en cela que l’Ellen G. White Estate, ainsi que d’autres institutions, trouveront un réel défi et une opportunité. Si nous souhaitons que notre église conserve l’emphase prophétique qu’elle a de longue date, aider à comprendre la prophétie et accepter le sens prophétique de la mission et du message n’est pas une option, c’est une absolue nécessité.