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Une équipe de sept personnes aide des milliers de réfugiés dans leur accès aux soins autour du monde

Alors que tout ce que peut faire la plupart des gens du monde, c’est regarder, prier ou donner de l’argent, une petite équipe de bénévoles adventistes actifs sauve des vies sur le terrain dans des régions comme l’Iraq, l’Ukraine, et aide dans d’autres crises humanitaires en permettant aux réfugiés et aux victimes de la guerre d’avoir accès à des soins médicaux gratuits. 

Ils s’appellent fièrement le « Secours adventiste ». 

Récemment, le vice-président du Secours adventiste, Michael-John von Hörsten, et le responsable national de l’Iraq, Hilde Camacho, se sont assis avec Adventist News Network (ANN) pour un regard exclusif dans les coulisses du travail incroyable effectué par leur équipe principale de seulement sept bénévoles. 

QUE FAIT LE SECOURS ADVENTISTE ?

« Nous sommes une très petite organisation », explique von Hörsten. « Notre équipe est composée d’un groupe d’administrateurs dans le domaine de la santé, d’infirmières et de médecins. Nous aimons réaliser des missions médicales pertinentes dans les zones qui ont le plus besoin d’aide. Nous opérons depuis 2015 – cela fait donc déjà sept ans ! »

Le Secours adventiste est né sur l’île de Lesbos, lors d’une opération en Grèce en 2015, alors qu’il gérait les traumatismes aigus et les urgences médicales chez les réfugiés arrivant de Turquie, en passant par la Syrie et l’Afghanistan. 

« Nous étions au bon endroit au bon moment », déclare von Hörsten. « Le front de mer où se trouvait notre clinique ambulante s’est avéré être l’un des points d’arrivée les plus fréquentés par les réfugiés traversant un canal maritime hasardeux dans de petites embarcations. Nous avons également mis en place une opération en Grèce continentale en gérant une clinique de soins primaires dans un camp de réfugiés afghans. »

Puis, en 2016, le Président de l’Église mondiale, le pasteur Ted Wilson, a demandé au Secours adventiste de s’installer en Iraq. Depuis, les réfugiés de cette région sont au cœur de leur action.

« Nous sommes arrivés pendant la guerre, lorsque le nord de l’Iraq tentait de libérer la région d’ISIS. En partenariat avec ADRA, nous avons mis en place l’une des plus grandes unités de soins primaires et d’urgence dans les cinq camps situés à l’est de Mossoul, déchiré par la guerre, et nous avons fourni des soins médicaux essentiels à une population de plus de 100 000 personnes, principalement des personnes âgées, des femmes et des enfants. Ils avaient tous perdu leur maison et de nombreux membres de leur famille dans les combats », explique von Hörsten.

Crédit photo : Secours adventiste
Crédit photo : Secours adventiste

Au plus fort de son activité, le projet iraquien comptait une salle d’urgence de 9 lits, une unité de soins primaires, une unité de santé mentale et un service dentaire. Plus de 150 médecins et infirmiers étaient passés par la clinique, chacun d’entre eux effectuant des visites de trois semaines ou plus pendant leur congé.

En 2018, en raison de certains problèmes politiques dans le pays, l’établissement a été temporairement fermé. Au même moment, le Secours adventiste a été invité à s’associer à ADRA pour construire un hôpital de campagne dans un camp de réfugiés en Ouganda.

Hilde et sa femme Leah – qui travaille bénévolement comme infirmière en chef à plein temps pour le Secours adventiste – ont rapidement déménagé en Ouganda pour ce projet. 

« Nous étions là pour aider un immense camp de réfugiés appelé ‘Kyaka II’ qui abrite plus de 150 000 personnes. Nous sommes allés construire un hôpital de campagne, et alors que nous étions là-bas en 2019, notre premier fils est né », dit-il. Bien que la COVID ait forcé l’hôpital à fermer, il devrait disposer de fonds pour rouvrir cette année.

Avant que les confinements ne rendent les déplacements difficiles, les Camacho sont retournés en Iraq pour rétablir la présence du Secours adventiste et mener d’autres projets. Pour ce faire, le Secours adventiste a, seul, établi une opération en s’enregistrant au Kurdistan en tant que nouvelle ONG locale.

« Notre nouvelle sous-organisation en Iraq s’appelle 'Advent Relief Medical Care' », explique von Hörsten. « Nous avons récemment réouvert notre salle d’urgence dans le camp U2 de Hasan Sham. Encore 20 000 personnes environ sont bloquées là-bas et n’ont pas accès aux soins médicaux d’urgence. Nous sommes donc de retour pour combler ce manque ! »

« Cela peut être très stressant et intense », poursuit Camacho. « Nous devons être disponibles 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7. Dans les camps, il n’y a pas de soins médicaux après 13 heures, à l’exception d’un infirmier d’une autre organisation qui reste jusqu’à 20 heures presque tous les jours. Il ne fait que dire aux gens de revenir le lendemain. Nous avons donc répondu à ce besoin et avons commencé par offrir des soins médicaux de 18 heures à 8 heures du matin. Nous espérons faire du 24h/24 et 7j/7 d’ici avril ou mai de cette année. »

Au cours des dernières semaines, le Secours adventiste a également étendu son opération en Ukraine, compte tenu de la crise humanitaire actuelle dans la région. 

« Nous avons envoyé nos premiers membres d’équipe pour évaluer la frontière ukrainienne cette semaine, et il semble que nous allons mettre en place une clinique en Moldavie, à environ 100 mètres de la frontière avec l’Ukraine. Des camps de réfugiés sont en train de s’y installer, donc on s’attend à un afflux de personnes », explique von Hörsten, qui se prépare également à visiter la région. « Le soutien aux réfugiés est plus important dans le nord, à la frontière polonaise, mais la Moldavie est plus pauvre et moins apte à gérer le flot de réfugiés, c’est pourquoi nous y basons notre opération. »

COMMENT FONCTIONNENT LES INSTALLATIONS ?

Comme nous l’avons mentionné, ADRA et l’Agence des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) ont toujours fourni des fonds ou des ressources au Secours adventiste pour que son travail puisse se poursuivre. Cependant, l’organisation, qui fonctionne désormais de manière indépendante en Iraq, dépend fortement de la générosité des donateurs et des bénévoles. 

« La plupart de nos collectes de fonds servent à payer un salaire aux médecins et infirmières iraquiens locaux qui travaillent dans notre clinique », explique von Hörsten. « Ensuite, nous faisons appel à du personnel international pour renforcer l’équipe. Cela nous permet de réaliser des projets plus importants avec moins d’argent. Nous aimons engager des équipes locales et les payer avec un salaire raisonnable. »

Malgré cela, le coût de l’embauche en personnel qualifié et les frais généraux médicaux s’ajoutent rapidement.

« Le problème de la santé, c’est qu’elle est coûteuse », déclare Camacho. « Les médecins et les infirmiers sont des professionnels. Le camp de réfugiés se trouve à environ 45 minutes en dehors d’Erbil, la capitale de la région Iraq-Kurdistan, donc sans un salaire décent, les professionnels de santé n’ont aucune raison de venir travailler avec nous. »

« Faire fonctionner les équipements médicaux est également coûteux », ajoute von Horsten. « Ils allaient nous facturer 2 500 dollars la semaine dernière juste pour changer un logiciel et nous n’avons pas cet argent. »

Ne disposant que d’équipements et de médicaments les plus essentiels, Camacho explique que l’adaptation des volontaires internationaux peut être une expérience difficile. 

« Vous devez être prêt à sortir de votre zone de confort », dit-il. « La plupart des volontaires qui viennent des pays occidentaux sont habitués à travailler avec certains équipements et dans certaines conditions. Lorsque vous vous impliquez dans ces projets, vous devez faire preuve de créativité. Nous ne disposons peut-être pas de tous les médicaments et des équipements auxquels ils sont habitués, mais ce que nous avons est suffisant. La plupart des bénévoles sont très gentils, généreux et compréhensifs, mais parfois les gens sont surpris. »

Malgré ce manque de ressources, la clinique en Iraq traite généralement plus de 10 000 personnes chaque année, dont la plupart a « vu le visage de l’enfer » selon von Hörsten.

Crédit photo : Secours adventiste
Crédit photo : Secours adventiste

Qu’ils aient vu des membres de leur famille ou des amis décapités, capturés pour en faire des esclaves sexuels d’ISIS, morts de faim ou d’hypothermie ou de coup de chaleur, la plupart des réfugiés en Iraq – même les enfants – ont subi un traumatisme aigu, physique ou émotionnel. 

« Cela change la façon dont vous pensez », explique von Hörsten. « Simplement s’asseoir avec quelqu’un dans sa tente, boire du thé et écouter son histoire signifient tellement pour une personne. C’est inestimable. Cela a été tellement gratifiant de partir avec un petit budget et de voir jusqu’où nous pouvions l’étirer pour aider les gens. »

LA SANTÉ, BRAS DROIT DE L'ÉVANGILE

« Les gens sont aussi souvent surpris de voir à quel point la communauté des réfugiés est accueillante envers les adventistes », dit Camacho. Il explique que la plupart des réfugiés sont musulmans mais très amicaux et ouverts aux conversations avec des personnes d’autres horizons.

« Nous avons beaucoup de points communs », dit Camacho. « Ils sont très curieux. Bien que les musulmans ne croient pas que Jésus soit mort, ils pensent qu’il y aura un grand conflit ou une bataille entre le bien et le mal à la fin des temps. C’est une grande discussion à avoir avec eux parfois », dit Camacho en riant. « Avec des groupes comme ISIS dans les parages, beaucoup d’Iraquiens cherchent. Ils remettent tout en question et nous demandent : ‘Pourquoi êtes-vous différents ? Vous n’êtes pas comme les autres chrétiens.’ »

Dans ce contexte, le Secours adventiste exerce le ministère en apportant la guérison physique et l’espoir de toutes les manières possibles. L’équipe dit avoir vu le Saint-Esprit agir puissamment à travers leur ministère. « Comme on le dit, la santé est le bras droit de l’évangile, » déclare Camacho.

« Nous sommes très proches de la communauté des réfugiés ici. Beaucoup de personnes qui visitent notre clinique aiment le mot ‘adventiste’ et lui font confiance. Ils sentent qu’ils font partie d’une communauté. Cela montre à quel point ils nous aiment et nous sommes si heureux d’entendre ce témoignage ! » dit Camacho.

Ce ne sont pas seulement les patients mais aussi le personnel qui est exposé aux adventistes à travers leur ministère. 

« Tous les matins, nous faisons la méditation dans une maison prévue pour l’équipe avec ceux qui veulent y participer. Nous ne forçons pas les gens mais ils sont toujours les bienvenus. Beaucoup de bénévoles qui travaillent avec nous ne sont pas chrétiens. La plupart n’est pas adventiste. Nous avons reçu des bénévoles et certains membres du personnel local, par exemple les traducteurs, se sont joints à nous dans le passé et nous ont demandé si nous pouvions prier pour les gens. C’est une excellente occasion de partager en ce sens », déclare Camacho.

DE NOUVELLES OPPORTUNITÉS

Outre l’extension de leurs services en Iraq et la création prochaine d’une clinique en Moldavie, von Horsten ainsi que Camacho nourrissent de grands rêves pour l’avenir du Secours adventiste. 

« Nous essayons de démarrer un service dentaire », dit Camacho. « Et nous aimerions lancer des cliniques mobiles pour les soins dentaires et primaires. Il existe également des possibilités pour l’éducation à la santé communautaire – des séminaires et des ateliers sur la santé. Ces réfugiés vivent dans des camps depuis cinq ans ou plus, ils ne sont plus en état d’urgence. Nous devons donc leur apprendre à prévenir les problèmes de santé ainsi qu’à traiter les problèmes immédiats. »

En juin de cette année, une équipe de bénévoles – dont quelques dentistes – doit rendre visite au Secours adventiste en Iraq et nous espérons que les cliniques dentaires et mobiles seront établies à leur arrivée.

En plus de travailler à plein temps pour le Secours adventiste, Hilde et Leah sont des artistes et ils planifient actuellement un projet visant à rapprocher les communautés en peignant des fresques murales dans un camp de réfugiés en Syrie. 

« Nous voulons faire venir des artistes internationaux pour peindre le camp, ainsi que des hommes et des femmes d’affaires pour organiser des séminaires et apprendre aux réfugiés à subvenir à leurs besoins grâce à leurs propres entreprises », explique-t-il. « L’idée est d’apporter de la visibilité à leur vie. Nous pouvons changer la façon dont les gens pensent aux réfugiés en trouvant un moyen de les intégrer dans une communauté plus large. Nous espérons que ce projet artistique leur apportera bonheur, espoir et joie.

Si vous souhaitez faire du bénévolat pour le Secours adventiste ou soutenir financièrement le ministère, veuillez consulter le site https://www.adventisthelp.org/. Si vous souhaitez participer au projet de peinture, vous pouvez contacter Hilde Camacho à [email protected] ou lui envoyer un message sur Instagram à @hagaiel.

Le Secours adventiste insiste sur le fait que tous les bénévoles doivent avoir une expérience médicale pour rejoindre leur équipe. Bien qu’ils apprécient les bonnes intentions des personnes sans compétence médicale pour faire du bénévolat, ils exigent des bénévoles qui ont une expérience de travail en tant qu’infirmière, médecin ou dentiste.