Les dirigeants de l'Église abordent les questions de racisme et de préjugés

Crédit photo : Getty Images

General Conference

Les dirigeants de l'Église abordent les questions de racisme et de préjugés

Le concile annuel s’est focalisé sur l’éducation et la réflexion personnelles sur les préjugés afin que les dirigeants et les membres puissent créer des environnements plus inclusifs.

Le 15 septembre 2020, le conseil d'administration de l’Église adventiste du septième jour (AD COM) a voté « Une seule humanité : déclaration sur les relations humaines traitant du racisme, du système des castes, du tribalisme et de l’ethnocentrisme ». Cette déclaration démontre l’engagement de l’Église à adhérer aux principes bibliques et intervient après que des événements récents ont contraint les dirigeants de l’Église à exposer clairement la position officielle de l’Église sur ces questions importantes. 

Au concile annuel, Ganoune Diop, directeur des Affaires publiques et de la Liberté religieuse de l’Église mondiale, a participé à une conférence spéciale sur cette déclaration. Il a expliqué d’où provenaient les graines du racisme. « Selon la Bible, les racines du racisme ont été semées dans le ciel – l’orgueil et les préjugés de Lucifer (Satan) contre le Fils de Dieu », a-t-il déclaré. « La controverse du ciel a été transposée sur la planète Terre. L’orgueil et les préjugés inspirent des mentalités et des comportements racistes. L’orgueil et les préjugés conduisent à la violence et trouvent refuge dans les cœurs non régénérés. »

La conférence était profondément axée sur l’éducation individuelle et la réflexion sur les préjugés afin que les dirigeants et les membres de l’Église puissent s’efforcer de créer un environnement plus inclusif pour tous. 

Ted N.C. Wilson, président de la Conférence générale des adventistes du septième jour, a partagé son espoir que chaque division « prenne le temps de réfléchir et de discuter sur la meilleure façon d’atteindre les groupes de personnes qui ont été négligés. »

Un problème mondial

Le racisme, le système des castes, le tribalisme et l’ethnocentrisme sont des problèmes majeurs qui touchent une grande majorité des membres de l’Église dans le monde. Lors de la présentation au concile annuel, Ella Simmons, vice-présidente de l’Église adventiste mondiale, a défini le racisme comme « un préjugé individuel gravé dans les artefacts culturels, le discours idéologique et les réalités institutionnelles en Amérique ». Bien qu’il y ait eu quelques progrès en Amérique, la recherche montre que, si les symptômes des préjugés raciaux sont traités, la cause profonde ne l’est pas. 

Simmons a partagé quelques statistiques tirées d’une récente enquête menée auprès d’adventistes du septième jour du monde entier. 36% d’entre eux ont fait l’expérience directe du racisme, près de 47% ont été témoins de racisme envers d’autres personnes, près de 46% ont été témoins directs de préjugés tribaux, 63% ont été témoins de préjugés tribaux envers d’autres personnes, 37% ont fait l’expérience directe de préjugés nationaux, et 48% ont été témoins de préjugés nationaux envers d’autres personnes. Partout, le racisme va en s’amplifiant et les adventistes ne sont pas à l’abri. 

Afrique

Geoffrey Mbwana, vice-président de l’Église mondiale, a souligné combien le racisme a eu un impact négatif sur l’Afrique. Avec 54 pays, une population de plus de 1,2 milliard d’habitants et plus de 3 000 tribus différentes, l’Afrique est un continent diversifié et ses habitants disposent d’un héritage culturel profond et de systèmes suivis depuis des générations. L’Afrique lutte depuis de nombreuses années contre les effets de l’ethnocentrisme et du tribalisme.

Le vice-président a défini une personne ethnocentrique comme une personne qui « compare sa culture aux autres sur des éléments tels que la religion, le comportement, la langue, les coutumes et les normes. » La loyauté envers la culture n’est pas tout à fait négative, cependant, elle peut le devenir lorsqu’elle est associée à la vanité et à la croyance qu’une tribu ou une personne est meilleure qu’une autre. Le tribalisme et l’ethnocentrisme ont créé des divisions entre les communautés et encouragé le favoritisme, ce qui a conduit à une violation à grande échelle des droits de l’homme et à des troubles civils en Afrique. 

Inde

Stanley Ponniah, comptable principal à la Conférence générale des adventistes du septième jour, a expliqué que l’Inde se développe et change rapidement mais que la discrimination existe toujours envers de nombreuses personnes victimes du système des castes. Le système des castes est interdit en Inde mais ses principes cachés existent toujours, et il y a toujours un énorme fossé économique entre la caste supérieure, la caste inférieure et les « intouchables ».  

Le système des castes est une hiérarchie tirée de l’ancien hindouisme qui divise la société en quatre grandes classes sociales, avec une cinquième catégorie, les « intouchables », réservée aux personnes occupant les emplois les plus bas dans la société et aux femmes. Les femmes sont qualifiées d’impures et sont souvent exclues des écoles et des temples. Des quotas ont maintenant été introduits pour garantir que la discrimination à l’encontre des membres des castes inférieures de la société est illégale, mais dans de nombreux domaines, la discrimination subsiste toujours. Stanley Ponniah a précisé que le gouvernement, les éducateurs sur les réseaux sociaux et les intellectuels ont encore beaucoup à faire pour briser le cycle du racisme en Inde.

Australie

Bettina Krause, directrice associée des affaires publiques et de la liberté religieuse et directrice des affaires gouvernementales, a donné un aperçu plus approfondi de la race et du multiculturalisme en Australie. Dans le passé, l’Australie a introduit une législation pleine de préjugés pour régir l’immigration et rejeter les populations autochtones. À cause de cette législation, les structures familiales indigènes se sont effondrées et les indigènes ont été poussés à la périphérie de la société, et qualifiés d’« Australiens invisibles ». 

Bien que les Australiens soient désormais prêts à reconnaître leur histoire, l’impact du racisme est encore visible dans les systèmes éducatif, économique et social. Bettina Krause a partagé une citation du pasteur Darren Garnett, leader d’une église indigène, qui espère que « l’Église adventiste montrera la voie en s’attaquant au racisme grâce à l’empathie et au sens de la fraternité en Christ, afin de construire une communauté où le racisme n’a pas sa place ».

Europe

Nelu Burcea, secrétaire général adjoint de l’Association internationale pour la liberté religieuse, a expliqué comment le peuple rom, la plus grande minorité ethnique d’Europe, a subi les effets néfastes du racisme. Il y a environ 12 à 15 millions de Roms mais ils ne sont pas pris en compte dans les recensements officiels alors que 70 % d’entre eux vivent en Europe de l’Est.  

Les Roms ont été victimes de l’esclavage, de niveaux élevés de racisme et de persécution. En raison de l’absence de documents personnels, tels que les certificats de naissance, des millions de Roms vivent dans la pauvreté et n’ont pas accès aux services sociaux et à l’éducation. Récemment, les Nations unies et les Unions européennes ont commencé à prêter attention aux droits de la population rom, en se concentrant sur des questions telles que les discours de haine, la ségrégation, l’éducation et la liberté de mouvement. Nelu Burcea a affirmé : « Nous ne devons jamais oublier que les êtres humains, quelle que soit leur nationalité, leur ethnie ou leur race, sont créés par Dieu. La valeur de chaque personne est infinie, raison pour laquelle le Fils de Dieu est mort. »

Asie

Linda Koh, directrice des ministères des Enfants à la Conférence générale des adventistes du septième jour, a raconté comment les pays de l’Asie du Sud-Est et la Chine sont marqués par des conflits raciaux et ethniques. L’Asie du Sud-Est et la Chine sont depuis longtemps aux prises avec des problèmes de mauvais traitement des groupes religieux par le gouvernement, de violence raciale, de restrictions du planning familial et de la circulation des familles. Un retour à l’harmonie ethnique s’est avéré difficile pour ces pays. Selon elle, une partie de la solution réside dans le fait que « les gouvernements doivent être intentionnels dans leur volonté de mettre fin à ces discriminations et assurer l’égalité pour tous ».

Afrique du Sud

Mark Finley, évangéliste de l’Église adventiste du septième jour, a confirmé les changements en cours en Afrique du Sud. Malgré les changements de législation et de politique sociale, les habitants de l’Afrique du Sud pratiquent toujours la ségrégation dans les lieux publics. Il a expliqué que seul l’évangile peut changer les gens. 

Les adventistes du septième jour ont reçu un message plus profond que les mouvements sociaux d’aujourd’hui. La solution au racisme se trouve dans Apocalypse 14.6-7. Mark Finley a terminé son intervention en disant : « Nous sommes des pécheurs par nature et par choix, la solution ultime est le pouvoir transformateur de la grâce de Dieu, la solution ultime pour changer la société est de changer les gens. Cela ne peut se faire que par la grâce de Dieu. Le message des trois anges partagé avec la puissance de l’Esprit Saint amène les hommes et les femmes à réaliser que chacun d’entre nous est créé à l’image de Dieu. »

L’avocat général adjoint de la Conférence générale des adventistes du septième jour, Josue Pierre, a exrimé son approbation. Bien que les conversations sur le racisme soient délicates, a-t-il dit – elles peuvent déclencher nos mécanismes de défense et même conduire à la colère, à l’amertume et au ressentiment – elles sont nécessaires pour garantir que nos efforts de partage de l’Évangile restent pertinents. 

Nous sommes appelés à partager l’Évangile, ajoute-t-il dit, mais notre responsabilité est « minée par notre incapacité à affronter et à traiter de manière proactive le racisme et les autres maux dans nos rangs ». Josue Pierre a exhorté les membres et les dirigeants à « éliminer le péché du racisme de nos cœurs et du travail de l’Église. Approchons-nous humblement du trône de la grâce afin que Dieu puisse commencer à nous guérir ».

Conclusion

Ganoune Diop, en résumant la conférence, a expliqué que la question sous-jacente au racisme est le défi d’accepter toute l’humanité indépendamment de la couleur de la peau, de l’ethnicité ou des circonstances de la vie. Jésus a traité tous les humains de manière égale et a été un ambassadeur de l’amour et de la justice dans le monde entier. Il était le modèle parfait de ce que signifie être humain dans ce monde. Les adventistes du septième jour doivent s’efforcer d’être comme Jésus et de suivre son exemple. Le message de l’Avent contribue à rassembler les gens, à préparer le monde à la seconde venue de Jésus et il n’y a pas de place pour les préjugés raciaux dans cette mission. 

 

Beth Thomas a contribué à cet article.