L’Eglise Adventiste du Septième Jour est apparue dans une période de ferveur religieuse au 19e siècle

L’Eglise Adventiste du Septième Jour est apparue dans une période de ferveur religieuse au 19e siècle

Le prédicateur baptiste, William Miller, annonça que Jésus reviendrait le 22 octobre 1844. De nombreux américains étaient plus que surpris qu’une date soit fixée. De plus, l’idée d’un retour littéral du Christ était en soi une idée radicale.

Dès le 19ème siècle, la plupart des Eglises établies prêchaient que la Seconde Venue tenait plus du mythe que de la réalité et plus humain que divin. Les chefs religieux enseignaient que la « seconde venue » symbolisait l’arrivée d’une nouvelle génération socialement responsable qui craignait Dieu.

Mais la croyance des Millerites d’une seconde venue littérale – ainsi qu’une nouvelle compréhension de la prophétie, le sabbat du septième jour et l’état des morts – étaient cruciales. Dans cette période d’agitation religieuse, ces doctrines fondamentales allaient former la base du mouvement de l’avènement.

Le Nord-Est américain au début du 19ème siècle était le foyer du réveil spirituel. Le soi-disant second grand réveil donna naissance à des mouvements tels que les Shakers, les premiers mormons, les précurseurs des Témoins de Jéhovah, les Millérites et une multitude de ramifications excentriques. En fait, l’Etat de New York avait été surnommé le « burned-over district », se référant au fait que les évangélistes avaient, dans cette région, épuisé les réserves de gens non convertis.

C’est dans ce climat que les Millerites furent exposés à la grande déception. Le groupe attendait impatiemment, mais vainement, le retour du Christ. Et là, comme l’explique l’historien adventiste George Knight, la « certitude mathématique de leur foi » s’évapora, de nombreux Millerites désertèrent le mouvement.

Ceux qui restaient étaient divisés sur la signification du 22 octobre. Certains affirmaient que la date était fausse. D’autres soutenaient que le Christ était revenu, mais dans un sens spirituel. Un dernier groupe – les futurs leaders des Adventistes du Septième Jour –  étaient convaincus que la date était juste, mais qu’il ne s’agissait pas du bon événement.

Revigoré par cette possibilité, ils se sont regroupés et sont retournés à l’Ecriture, déterminés à découvrir la vérité. Ils arrivèrent à la conclusion que Jésus n’était pas revenu sur terre le 22 octobre, mais qu’Il avait commencé la dernière phase de Son ministère expiatoire dans le sanctuaire céleste.

Une jeune femme méthodiste nommé Ellen Harmon (qui devint plus tard White) donna de la crédibilité prophétique à cette interprétation. Elle eut une vision en  décembre 1844 d’un « chemin droit et étroit » allant vers le ciel qui confirma que la prophétie avait en effet été accomplie le 22 octobre et établit ce qui serait le point central de la dénomination, le Christ.

William Miller
Baptist preacher William Miller was among a few religious leaders in the 19th Century who believed that the Second Coming of Christ was a literal event.
L’historien adventiste David Trim est impressionné que les Millerites aient pu survivre après un message initial « spectaculairement mauvais ». Il explique qu’il est vrai que les mouvements apocalyptiques gardent souvent, étonnamment, certains de leurs adeptes. Même si leurs idées sont « manifestement démenties », ce « n’est pas le genre de personnes qui vont par la suite fonder une Eglise très réussie. Que les adventistes aient pu le faire n’est pas la preuve que Dieu était de leur côté, mais c’est la preuve qu’ils avaient des dirigeant intelligents et rationnels. »

Ce qui est peut-être plus parlant c’est que l’Eglise adventiste croyait fermement que Dieu était celui qui orchestrait les événements, nous explique Trim. « Je pense que les premiers adventistes étaient appelés par le Saint-Esprit. Cela peut paraître terriblement vieux jeu, mais je crois que notre Eglise a été appelée à l’existence à cette époque dans un but précis. »

David Trim rajoute qu’ils démontraient également une véritable passion pour la vérité biblique. « C’est ce qui maintenait leur ardeur, alors que tous les autres ex-Millerites choisissaient des voies soit excentriques ou très traditionnelles et prudentes. »

Pour les premiers croyants de l’avènement, la « vérité présente » était dynamique. En effet, alors que le nombre d’adventistes sabbataires passa de quelques centaines dans années 1840 à 3 000 en 1863, lorsque l’Eglise Adventiste du Septième Jour fut officiellement établi, leur compréhension de la doctrine continua à évoluer.

Dès le début, les pionniers tels que James White étaient fervents dans leur appel à « sortir de Babylone ». Au départ, il s’agissait d’un appel à quitter une organisation religieuse pour retourner à la simplicité de l’Evangile.

Cela ne surprend pas les historiens des religions, qui ont observé que régulièrement, après quelques générations, le sentiment de devoir retourner aux sources de la foi revient toujours. En effet, c’est cette tendance qui alimenta la deuxième grand réveil.

Mais ce qui est frappant, nous dit Trim, c’est le renversement de White lorsque le mouvement s’agrandît. En 1859, James avait été amené à croire que l’appel à « sortir de Babylone » signifiait en fait, abandonner la désorganisation et accepter d’organiser l’Eglise.

Ellen White, à droite, et sa soeur jumelle, Elizabeth, toutes deux pionnières des adventistes, sont représentées ici dans les années 1850, une décennie après qu’Ellen ait reçu ce que les adventistes considèrent être sa première vision prophétique de Dieu.
Ellen White, à droite, et sa soeur jumelle, Elizabeth, toutes deux pionnières des adventistes, sont représentées ici dans les années 1850, une décennie après qu’Ellen ait reçu ce que les adventistes considèrent être sa première vision prophétique de Dieu.
« Bien sûr, cela allait très bien avec le fait que Babylone venait finalement de Babel, ou confusion, et White expliqua que l’appel à sortir de Babylone était en fait laisser ce courant religieux chaotique et incroyablement excitant et fervent pour quelque chose d’un peu plus organisé. La signification de « sortir de Babylone » avait donc été complètement renversée », explique Trim.

Mais alors qu’ils avançaient vers une structure de l’Eglise, les premiers adventistes ne perdaient pas leur zèle initial. Au contraire, ils avaient réussi à trouver un équilibre entre le radicalisme qui caractérisait l’expression religieuse dans le milieu des années 1800 et le conservatisme qui allait suivre. C’est un équilibre que l’Eglise adventiste maintient encore aujourd’hui, explique Trim, et il trouve son origine dans la tension de longue date entre l’esprit et l’ordre, datant de l’Eglise médiévale primitive.

"Il faut avoir le bon esprit car l’ordre peut devenir guindé, rigide et hiérarchique, mais l’ordre est primordial car l’esprit devient naturellement chaotique et autodestructeur », dit-il.

La pionnière de l’Eglise adventiste, Ellen White, a joué un rôle crucial dans la préservation de cet équilibre. Grâce à son don prophétique, Ellen pouvait calmer les querelles inévitables entre les premiers dirigeants adventistes comme son mari, James, Joseph Bates, Uriah Smith, John Nevins Andrews, George Butler et bien d’autres. Tous avaient des personnalités « incroyablement fortes et dynamiques », des qualités nécessaires pour transformer un mouvement local en une Eglise mondiale, nous explique Trim.

Selon Trim, certains étudiants en histoire de l’Eglise pourraient trouver la tension entre les dirigeants principaux « déconcertante », mais le mouvement de l’avènement est unique en ce qu’il est resté uni dans un climat où la plupart des groupes religieux avaient tendance à se scinder, suivant un leader charismatique, ou se dissoudre complètement. Malgré les désaccords, les adventistes se sont finalement ralliés à la vérité biblique grâce à la prière et l’étude de la Bible ou par la prophétie.

Un des fondateurs de l’Eglise adventiste, James White, contribua largement à aider le mouvement de l’avènement à trouver un équilibre entre la ferveur religieuse et la structure de l’Eglise.
Un des fondateurs de l’Eglise adventiste, James White, contribua largement à aider le mouvement de l’avènement à trouver un équilibre entre la ferveur religieuse et la structure de l’Eglise.
“« Ces hommes étaient tout à fait persuadés qu’ [Ellen White] était le messager de Dieu. Si elle disait : « Ceci m’a été révélé », ils l’acceptaient même si au départ il n’étaient pas contents », raconte Trim.

« Ils étaient très prompts à débattre, et ils le faisaient en termes très simples, mais ils étaient aussi très prompts à pardonner et n’avaient pas de rancœur », dit Trim. « Ils avaient une ouverture d’esprit qui devrait nous inspirer. »

Les Adventistes du Septième Jour modernes pourraient trouver les pionniers adventistes étranges. Certains ne croyaient pas en la trinité ou la personnalité du Saint-Esprit, et ils pensaient que Jésus Christ était un être créé. Beaucoup observaient le sabbat à partir de 18h le vendredi jusqu’à 18h le samedi, indépendamment des heures du coucher du soleil. Ils n’avaient également aucun scrupule à manger des viandes impures. Tout cela, cependant, allait changer à travers les décennies suivantes.

Ce que les adventistes d’aujourd’hui reconnaîtront probablement dans leurs ancêtres est leur conviction. Que ce soit pour le sabbat, la seconde venue, le sanctuaire et autres croyances fondamentales, les premiers adventistes croyaient avoir découvert ce que Trim appelle une « clé » pour débloquer l’intégralité de la vérité biblique.

« Ils se rendirent compte que ces doctrines disaient toutes la même chose à propos de Dieu, elles pointaient toutes dans la même direction, et ainsi les premiers adventistes se sentaient obligés de les observer.

« Cet intérêt pour la vérité nous inspire », dit-il.