[Photo de Jordan Donaldson||@jordi.d sur Unsplash]
Australia | Aleta Bainbridge

La reine d'Angleterre, Elizabeth II, a qualifié l'année 1992 d'annus horribilis (« une année horrible »). J'ai ressenti la même chose pour l'année 2006. Au début de l'année, l'école de langues où j'enseignais a fermé ses portes. J'ai perdu mon emploi, en revanche j'ai eu une petite-fille. Elle m'a été confiée en raison d'une crise à la maison. On m'a confié la tâche délicate d’aider une adolescente précieuse mais traumatisée à s’adapter dans un lycée où tout était totalement nouveau et étrange pour elle, et ce avec de maigres moyens.

Cinq mois après le début de l'année, j’étais extrêmement malade. On m'a diagnostiqué une tuberculose et j'ai dû suivre un traitement aussi lourd que la maladie elle-même. Je jouais toujours le rôle de « taxi » parmi toutes les autres choses que les mamans doivent accomplir pour une adolescente qui s'installe au lycée et qui doit se faire de nouveaux amis. Je vous laisse imaginer les défis que j'ai dû relever.

Un mariage familial était prévu à la fin de l'année. À cette époque, j'étais guérie de la tuberculose, en revanche j'étais trop épuisée physiquement et financièrement pour me joindre à la famille (y compris ma petite-fille, désormais souriante), qui s'est rendue dans le nord pour le mariage. Bien que triste de rater le mariage, c'était un immense soulagement de pouvoir me concentrer sur mes propres besoins et de reprendre mon faible souffle.

Cependant, après un Noël très calme, alors que la famille célébrait le mariage et que le monde fêtait l'arrivée de l'année 2007, je me suis agenouillée à mon chevet, la Bible ouverte devant moi, et j'ai vécu « l’expérience d’Elie sous le genêt ». Cet intrépide prophète s'était tenu « seul » sur le mont Carmel et avait remporté une puissante victoire pour Dieu, mais l'épuisement physique avait brouillé les cartes et suscité des craintes déraisonnables, si bien qu'il s'était enfui dans le désert, s'était assis sous un genêt et s'était écrié : « Seigneur, j'en ai assez ! Prends ma vie, je ne vaux pas mieux que mes ancêtres ».

Dans les moments de faiblesse, l'ennemi est tout à fait prêt à nous rappeler les blessures et les rejets passés – nos propres fautes, nos échecs et nos peurs intérieures. Mon propre cri était quelque chose comme « Seigneur, j'en ai assez ! Je ne suis pas capable dans la vie. Je n'ai pas l'impression d'être vraiment bonne à quoi que ce soit. Je suis faible et inutile... Je ne suis qu'un ver de terre, un ver de terre sans valeur ».

J'avais l'impression de tomber dans une spirale descendante et j'avais besoin que Dieu m'empêche de descendre encore plus bas. J'ai feuilleté ma Bible à l’aveuglette, à la recherche de paroles qui me tireraient de mon sentiment de désespoir. C'est lorsque j'ai ouvert le livre d'Ésaïe que mon regard est tombé sur le passage suivant, non marqué : « Ne crains rien, vermisseau de Jacob, Faible reste d'Israël; Je viens à ton secours, dit l'Éternel, Et le Saint d'Israël est ton sauveur. » (Ésaïe 41:14, LSG).

Ma surprise était teintée d'amusement. Le Grand Je Suis ne semblait pas tant s'opposer à ce que Jacob (et maintenant moi) soit traité de ver de terre ; il semblait plus important pour Lui de nous assurer que nous n'avions pas à avoir peur de notre condition diminuée et impuissante parce que Lui, notre Rédempteur, le Saint qui tient ses promesses, se tient à nos côtés pour nous apporter toute l'aide dont nous avons besoin.

J'ai été profondément touchée et totalement rassurée, prête à affronter l'année nouvelle. Et, alors que je songeais à mon expérience, j'ai découvert dans les Écritures des dizaines de personnes qui, comme moi, s’étaient senti comme des « vers » : en effet, Élie et Jacob, mais aussi le roi David, Job, et même Saül sur le chemin de Damas, qui rampait dans la poussière, un ver aveugle, demandant docilement : « Qui es-tu, Seigneur ? ».

J'ai réalisé qu'il n'est pas inapproprié pour les êtres humains d'avoir des moments de doute sur eux-mêmes, de se tordre lorsque nous sommes convaincus de notre péché, de faire face à notre impuissance face aux assauts du mal, ou de perdre notre sens de la valeur lorsque nous sommes faibles et malades. Dans cet état d'impuissance embryonnaire, Dieu peut nous faire naître à de nouvelles possibilités. Environ 2 600 ans après Esaïe, une femme inspirée l'a exprimé ainsi : « Rien n'est apparemment plus faible, et cependant plus invincible, que l'âme qui comprend son néant et se repose entièrement sur les mérites du Christ » (Ellen White, Le ministère de la guérison, p. 154).

C'est à Pâques, cette année-là, que j'ai atteint l’apogée de cette expérience. Alors que mes pensées se concentraient sur la croix, je me suis tournée vers le psaume 22, ce magnifique psaume messianique. Il commence par le cri d'agonie de Jésus : « Mon Dieu! mon Dieu! pourquoi m'as-tu abandonné, Et t'éloignes-tu sans me secourir, sans écouter mes plaintes? »

Ce psaume met à nu les pensées les plus intimes de Jésus. Il exprime tout ce qu'il ressent alors qu'il est suspendu nu sur une croix cruelle. Aux versets 9 à 11, il parle avec une tendre nostalgie de son lien étroit avec son Père : « Oui, tu m'as fait sortir du sein maternel, Tu m'as mis en sûreté sur les mamelles de ma mère; Dès le sein maternel j'ai été sous ta garde, Dès le ventre de ma mère tu as été mon Dieu. Ne t'éloigne pas de moi quand la détresse est proche, Quand personne ne vient à mon secours! »

Le Père de Jésus, qui a toujours été là pour lui, semble maintenant l'avoir abandonné. Et Jésus sait pourquoi : chargé de tous nos péchés, il est un objet d'horreur, totalement sans valeur, et sans intérêt pour quiconque, encore moins pour un Dieu saint. Désespéré, il s'écrie : « Et moi, je suis un ver et non un homme, L'opprobre des hommes et le méprisé du peuple. Tous ceux qui me voient se moquent de moi, Ils ouvrent la bouche, secouent la tête » (versets 6, 7).

Émerveillez-vous, ô cieux, et soyez étonnés, ô terre ! Notre Dieu magnifique sait ce que c'est que de se sentir comme un ver !

Jésus a permis au péché de le diminuer et de le piétiner à mort, mais il est mort avec un cri de victoire : Tout est accompli ! » [Le psaume 22 se termine par les mots « Il a agi » (La Nouvelle Bible Segond)]. Jésus savait qu'il avait achevé l'œuvre de rédemption de Dieu. Le péché était un ennemi vaincu.

« Celui qui est descendu, c'est le même qui est monté au-dessus de tous les cieux, afin de remplir toutes choses. » (Éphésiens 4:10).

Jésus, le parfait Sauveur, est le champion de ses « frêles et faibles enfants de poussière ! » Dans nos moments de « néant », Il nous rend invincibles afin que les portes de l'enfer ne puissent l’emporter sur nous.

« Comment puis-je m'empêcher de chanter tes louanges ? Comment puis-je suffisamment dire combien ton amour est étonnant ? » (Chris Tomlin, « How Can I Keep From Singing », See the Morning, 2006).

Cet article a été initialement publié sur le site d'Adventist Record.

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